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Perspectives n°46

Lo temps s’en va lèu lèu lèu lèu, coma un raubaire lèu
Mas ven lo mes, lo mes de mai, per esperar l’amor.

Je traduis ainsi le début de ce poème* de Claude Alranc :
Le temps s’en va, vite vite vite, comme un voleur, vite
Mais vient le mois, le mois de mai, pour espérer l’amour.

Ce joli mois de mai... Il aide à regarder la vie comme on regarde un jardin fleuri. C’est le temps des cerises, le mois des espoirs sans limite, le mois des senteurs retrouvées.

Je peux me souvenir des plus beaux : celui de 1968, scandant qu’il est interdit d’interdire, le soir du 10 mai 1981, soufflant dans un trombone avec la Bobote sur la place Carnot au milieu d’une foule exultante et trempée.
Avanti populo ! On attend tout du mois de mai !
Pour soi, et pour le monde qui nous entoure. C’est le cycle de la vie qui s’impose, les organismes se renouvellent. Il ne faut pas que les choses se figent, il faut que des regards neufs se posent sur des problématiques nouvelles, il faut que des actes nouveaux s’imposent, il faut du rebond, il faut du changement.

A l’ADDMD11 comme ailleurs. Après un intérim et un mandat complet comme président, soit 6 ans d’administration, et à la suite de ce que j’ai exprimé plus haut, je suis persuadé qu’il faut laisser la place. Je libèrerai celle de président de l’ADDMD11 à l’issue de l’Assemblée Générale de juin.

Afin de poursuivre ce dernier édito comme je l’ai commencé, en utilisant contrairement à mon habitude une tonalité personnelle, je vais évoquer une seule chose, un événement, peut-être une anecdote qui à elle seule me rend fier.
Et fier n’est pas un mot suffisant, c’est heureux que je devrais employer, et même comblé d’avoir occupé cette responsabilité pendant quelques années. Je vais parler d’un moment tout récent, qui se situe pendant la journée du 7 mai, dans le cadre de Ose la Danse !
Sur le parquet marqueté du hall du Théâtre Jean Alary de Carcassonne, 18 jeunes danseuses amateurs, issues de diverses écoles de danse du département, présentent une chorégraphie. Elles dansent une courte pièce élaborée par Hélène Cathala et Alain Gruttadauria, chorégraphes associés à la Rési-Danse 2011. Ces deux chorégraphes de Montpellier se connaissaient à peine avant d’arriver sur le département de l’Aude. Et le résultat est là, sous les yeux d’un public fervent et passionné : dix-huit jeunes filles sont transfigurées, leur danse est totale, belle, puissante, entière, parfaite. Ce n’est qu’un exemple, le plus actuel dans ma mémoire, de ce que ces années ont pu me réserver comme joies et comme émotions. Il me donne la mesure des efforts réalisés au sein de notre assemblée d’administrateurs, et au sein de notre équipe de professionnels.
Il fait la preuve que la culture et la pratique des arts est une des clés de la libération des individus, de la force de l’esprit contre le matérialisme ambiant.

Alors, merci à l’ADDMD11 pour ce qu’elle me donne et m’a donné, merci à celles et ceux qui lui permettent d’exister, les institutions comme les personnes. Et que souffle sur notre association le bon vent de mai !

*Ce poème a été mis en musique par le groupe provençal Mont-Jòia. On trouvera une interprétation de cette très belle valse sur le CD Bodega, bodegaires ! Anthologie de la boudègue, que l’ADDMD11 a aidé à produire et édité en 2004.

Patrick Oustric Président de l’ADDMD 11